vendredi 17 août 2018

Lorsqu’on connaît la pudeur des Indiens, on ne s’attend pas à tomber sur les bas-reliefs érotiques du temple de Khajuraho


Si certains temples d'Inde ont beaucoup gagné en célébrité grâce aux sculptures érotiques qui ornent leurs bas-reliefs, il est à rappeler qu’au Tamil Nadu, la présence de scènes de la vie sexuelle n’épargne pas la multitude de Temples avec leurs Gopurams ornés de dieux multicolores et scènes de la vie courante. Si dans nos églises d'occident, l'iconographie peinte ou sculptée est relativement limitée aux scènes de la vie biblique, en Inde les temples sont à eux seuls de véritables livres d'images retraçant les grandes épopées ou dieux, démons, avatars ravivent le fondement culturel de tout indien, le tout enrichi de scènes de la vie quotidienne (la vie sexuelle en faisant partie). Cependant si les frises des parties basses du temple (murs d'enceinte et Gopurams) présentent des scènes de la vie ordinaire (de l’ordre de l’humain), les parties hautes sont réservées au divin, aux dieux. Si l’œil des occidentaux s’attarde sur les sculptures érotiques qui ne représentent en réalité en nombre qu'une toute petite partie de l'ensemble des images, l’indien les regardent dans leur pure fonction didactique comme le reste. Les raisons des sculptures érotiques restent encore controversées de par l’ambiguïté donnée à la définition du Tantrisme : la sexualité comme voie spirituelle de Réalisation ou moyen de recherche de Libération Spirituelle, voie authentique et ascèse parfaitement honorable ou dégénérescence et pratiques décadentes … Avant de succomber aux annonces de guides touristiques présentant tel ou tel temple comme le plus important détenteur de frises à consonance sexuelle, sachez que la pratique illustrative érotique est aussi présente parmi les milliers de temples qui ornent nos plaines du Tamil Nadu. Le temple de kilvelur dans lequel nous nous sommes mariés (voir brève du 20/10/2018), comme en atteste les illustrations de notre exposé, ne déroge pas à la règle puisque sur les Gopurams y sont exposés dieux et nymphes gracieuses aux formes voluptueuses, scènes triviales et postures considérées comme "animales", jeux amoureux ou le dieu enlace sa compagne, sa main tenant gentiment son sein... Une grande partie des statuettes ont un fort potentiel érotique mettant en scène des femmes qui se maquillent, se peignent le corps ou qui pratiquent des faveurs sexuelles aussi explicites que nombreuses. 
Alors si un de vos périples vous amène à Agra dans le nord du pays (pour y découvrir le Taj Mahal), Allahabad (au confluent de 3 rivières dont le Gange, Yamuna et la Saraswati aujourd'hui disparue) et Bénarès, n'oubliez pas de vous arrêter sur le site de Khajurâho. Bien que Khajuraho ne soit de nos jours qu'un village de l’État du Madhya Pradesh situé en pleine campagne, à l'écart des grandes routes, dont toute l'activité se focalise sur le tourisme, il est bon de rappeler que cette prestigieuse cité fut abandonnée, complètement ensevelie sous une épaisse jungle avant d’être découverte par les colons anglais en 1840. Au terme de travaux d'une quinzaine d'années, au début du 20e siècle, ce sont les temples perdus d'Indiana Jones qui furent alors dégagés. Ce site archéologique, vieux de plus de 1000 ans, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, célèbre pour ses sculptures érotiques de par son excellent état de conservation en fait l’un des sites les plus visités en Inde. Les sanctuaires, divisés en trois groupes, appartiennent à deux religions distinctes : l’hindouisme et le jaïnisme. Comme une bande dessinée sculptée, les bas-reliefs racontent la vie, les mœurs, et les us et coutumes des habitants de la cité entre le 10e et le 11e siècle. On s’immerge littéralement dans le passé en admirant les scènes de vie de tous les jours. Quant aux scènes érotiques dont certaines sont issues du Kama Sutra, ne constituent que 5 % de l'ensemble de la surface sculptée. Si certaines sont très explicites, pour d’autres très crues montrant notamment des scènes de sexe avec des animaux, personne ne comprend encore vraiment pourquoi elles ont été réalisées avec autant de réalisme. La vidéo qui suit ne s’attarde que sur les illustrations des préceptes du Kamâ-Sûtra se trouvant dans le groupe ouest des sanctuaires ... 
InDi

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