Periyar : mon premier safari au pays des cocotiers

Alors que le chemin se fait long et sinueux dans les plaines chaudes du sud Tamil Nadu, une seule envie de fraicheur nous invite à rejoindre le parc national de Periyar au Kerala, connu sous le nom de Thekkady (à environ 4 km de Kumily, 110 de Madurai), créé en 1895. Pour atteindre cette zone destinée à protéger le tigre et les éléphants, sur la frontière du tamil Nadu et du Kerala, s'étendant sur les flancs verdoyants des Ghâts occidentaux, la route y est tortueuse dans des montagnes d'où de géantes cascades apparaissent parmi la "luxuriance" des forêts primaires. Véritable transition, tant culturelle que climatique, on sent les degrés s’envoler peu à peu qu’on prend de la hauteur au cœur de la végétation tropicale. La route  pour accéder à Kumily, la petite ville près de la réserve de Periyar (qui signifie grand lac) est bien entretenue, car elle reste un axe majeur pour relier Cochin à Madurai. Des plantations de thé, d'hévéas, d'épices diverses, de cardamone (la meilleure d'Inde), de poivre, de café ponctuent le décor de paysage de montagne. Ce site vaut le détour pour son cadre montagnard et bucolique : perché à 1200 m au dessus de la fournaise des plaines dans un environnement montagneux ou les sommets frôlent les 2000m), il constitue un bon lieu de villégiature, de repos. En fin de journée, vous assisterez à un spectacle de kalaripayattu ou de kathakali (une forme de théâtre dansé originaire du Kerala), où les deux, car les horaires des spectacles se succèdent. 

Le kalaripayattu est un des arts martiaux les plus anciens au monde. Il serait apparu pour la première fois au XIIIe siècle et son but serait d’atteindre une coordination parfaite entre le corps et l’esprit. Les spectateurs sont assis dans une arène et assistent tour à tour à des combats à mains nues, puis à mains armées de poignards, d’épées et de lances. Les pratiquants sont capables de sauts périlleux et de contorsions impressionnants dans une ambiance des plus viriles. Le clou du spectacle reste le saut périlleux au travers de cerceaux enflammés. Le public reste souvent bouche bée devant les différentes prises. 

Le Kathakali, drame costumé, chanté et dansé, dont les thèmes sont tirés des grandes épopées indiennes, le Mahâbhârata, le Râmâyana et de la vie de Krishna. Cela reste une des 4 grandes danses traditionnelles de l'Inde dont l'origine est liée a l’État du Kerala. Empruntant beaucoup au théâtre, ses danseurs (hommes uniquement) doivent exprimer des récits de légendes populaires avec leur corps, en faisant intervenir dieux et autres personnages épiques. Le kathakali (de katha histoire et kali, jeu, en malayâlam) est une forme de danse classique, de théâtre dansé. Les acteurs aux maquillages élaborés de couleur vives, qui prennent plusieurs heures et symbolisent les caractères des personnages, portent des costumes très sophistiqués (vous assisterez en live à l'habillage). Kumily reste la ville de villégiature type ou l'on profite du shopping, des spices gardens, des visites de plantations d’épices et de thé qui s’étagent dans un cadre naturel superbe, des activités comme les randonnées (si possible avec des guides naturalistes) ou des balades à dos d’éléphants (hors de la réserve). En matière de réserve naturelle (avec une superficie actuelle de 777 km²), qui s'avère être la plus fréquentée du Sud de l'Inde, c'est le lac artificiel qui se trouve en son centre qui en fait une merveilleuse destination pour une promenade idéale pour observer la faune à bord d'un bateau d'un autre temps. Le lac, véritable réserve ornithologique particulièrement riche, fréquentée par le darter, curieux oiseau qui plonge du haut des arbres pour pêcher. Préférez le tour en barque très tôt le matin ou au coucher du soleil à l'utilisation du bateau croisière, et laissez vous déposer sur les ilots du lac équipés de tours d'observation. A l'origine, c'est le maharaja de Travancore qui transforma son territoire de chasse de 350 km²  en un sanctuaire dédié à la protection de la vie animale et de la flore.

Cela reste l'option idéale pour observer la faune en toute sécurité et surprendrez ainsi les animaux s'abreuvant sur les rives du lac (si vous avez de la chance). Le parc abrite des buffles, des antilopes, des daims sambars, des thars, des sangliers, des éléphants, des léopards, des porcs-épics, des mangoustes, des macaques à bonnet, des macaques à queue de lion et plus d'une trentaine de tigres; dit-on ! Bien que classé comme l'un des meilleurs sanctuaires de la faune indienne pour la photographie animalière, pour l'observation des oiseaux et troupeaux d'éléphants sauvages, seules les personnes qui ne compteront pas leurs heures, leur budget et qui s'adjoindront de guides locaux atteindront leur objectif. Autant de chances de voir des animaux en faisant des safaris en jeeps qui vous déposeront aux abords de la réserve qu'on vous vendra sous le nom de "borders hiking".

Idem pour ceux et celles qui voudront vivre leur première expérience avec un pachyderme, l'endroit est propice à la découverte du rôle de l'éléphant dans les travaux notamment forestiers. Avant d'envisager des safaris à dos d'éléphants, vous pouvez vous arrêter dans des camps plus exotiques et confidentiels où vous admirerez la vie quotidienne des pachydermes les plus protégés de l'inde, en semi-liberté en compagnie de "mahouts" leur prodiguant les soins journaliers. Vous pourrez vous improviser "mahouts" de quelques heures en participants, après une promenade à dos d’éléphant dans les plantations au bain, au brossage à l'aire d'une noix de coco et à la nourriture de Laksmi (car il y a toujours une éléphante qui prend le nom de la déesse de la fortune et de la prospérité dans les exploitations que vous visiterez). 

Parce que la vie des éléphants est protégée en inde, nous souhaitions attirer votre attention sur l'attitude éco responsable à adopter fasse au pachyderme indien en évitant les dérives asservissantes que lui impose souvent le tourisme de masse (et kumily n'échappe pas à la règle). Mais c'est bien en fréquentant les parcs nationaux du Sud que nous avons appris à les respecter, à en découvrir leur magnificence au contact même de la nature, la jungle formant leur habitat. Bien qu'ayant pu évaluer lors d'activités proposées par certains propriétaires d'éléphants combien leur utilisation, bien règlementée, en matière du débardage dans les forêts difficiles d'accès aux engins mécaniques était un réel avantage, c'est l'approche des éléphants en semi liberté que nous privilégions désormais : un mixt entre démonstration de leur capacité à être un allié de l'Homme et respect de la condition animale.

Dans les environs, dès lors ou l'on est véhiculé, vous trouverez jardins et boutiques d'épices dont les propriétaires vous feront visiter leurs plantations, leurs fermes d'épices (spice gardens) et vous expliqueront comment vous soigner avec les plantes. Les bases de la médecine ayurvédique n'auront alors plus de secrets pour vous ! Le petit village de Kumily possède sa propre bourse à la cardamone. Enfin, toujours à l'exploration des alentours, pourquoi ne pas visiter Ramakkal Mettu Statues à Ramakkalmedu, à environ une cinquantaine de kilomètres de Kumily (dans le district d'Idukki), sur les Ghâts occidentaux.

L'ensemble de collines vertes et l'air frais et pur des montagnes font de cet endroit historique offrant une vue panoramique et pittoresque sur de nombreux villages et villes du Tamil Nadu un lieu de retraite prisé (uniquement par les  indiens). Si on ne craint pas de rouler de nuit parmi ces petites routes de montagne, on peut s'y risquer à attendre la tombée de la nuit pour observer le scintillement des lumières dans les plaines de l’État voisin. Rama - kal - medu signifie littéralement "la terre de Pierre de Rama" ou la "terre où Rama à posé sa jambe". Une légende dit que Rama aurai laissé des traces de pieds au sommet de Ramakkalmedu lorsqu'il recherchait  Ravana, le roi de Lanka qui avait enlevé son épouse Sita (selon l'épopée du Ramayana).

InDi