samedi 15 décembre 2018

Arunachala et sa source de lait de Parvathi par un beau soir de pleine lune

Au nord ouest de Pondicherry (2 heures de voiture en passant Gingee), parmi les lieux où la spiritualité hindoue y est la plus pressante, la colline d'Arunachala qui surplombe la localité de Tiruvannāmalai reste l'incontournable site qu'il faut avoir foulé au moins une fois dans sa vie, tout comme Tirupathi dans l'Andhra Padesh ou Rameshswaram au sud est du Tamil Nadu. Une légende raconte que Parvati "la fille de la montagne", épouse de Shiva, au cours d'un jeu lui ferma les yeux quelques secondes, plongeant en réalité sans le savoir plusieurs années l'Univers dans l'obscurité. C'est après que Parvati se fut repentie que Shiva apparut sous la forme d'une colonne de feu au sommet de la montagne Arunachala (montagne rouge en sanskrit) pour redonner la lumière au monde. Depuis, cette montagne qui tient plus d'une colline (800 m d'altitude) à laquelle s'adosse la la ville de Tiruvannamalai (nom tamoul signifiant "saint mont") est considérée comme sacrée et comme un lingam naturel, le symbole de la présence de Shiva. Mais la version la plus usuelle est que selon le Rig Veda, un des quatre textes sacrés de l’hindouisme, Vishnu et Brahma s’affrontèrent à cet endroit pour déterminer lequel des deux était le plus fort. Pour mettre fin à ces querelles d’égos, Shiva se manifesta en une colonne de lumière, à l’endroit de l’actuelle montagne. Les hindous croyant fermement en cette apparition de Shiva se pressent depuis des temps immémoriaux sur cette colline et dans le grand temple en son pied, amenant les pèlerins venus des quatre points cardinaux du pays, les nuits de pleine lune ou de Karthikai Deepam (fête à fin novembre), à se livrer à un immense circumambulation de plusieurs kilomètres autour du lingam naturel que représente la montagne. Un conseil, il est préférable d'être préparé à cette immersion nocturne ou la ferveur qui s’en dégage met à rude épreuve les nerfs et la compréhension des occidentaux soucieux de rationalité et attachés à leur espace vital (idem pour ceux qui souhaitent participer à des Kumbh Mela). Afin d'en apprécier la ferveur qui se dégage en ces lieux, il est à rappeler que la montagne d'Arunachala est à l'Inde du Sud ce que le mont Kailash est au Tibet. Ici plus qu’ail­leurs, les voyageurs doivent accepter d’oublier, pour un temps, leurs repères familiers, au risque de ne pas pouvoir supporter les trop grandes différences culturelles auxquelles ils seront confrontés et si la quête intérieure n’est pas leur tasse de thé, alors souhaitons leur d'avoir à minima une âme d’explorateur pour en capter toutes les subtilités. Ainsi, pour ceux et celles qui redoutent l'immersion totale, nous les invitons à une ascension de la colline sacrée qui abrite de nombreux ermites et offre une vue plongeante prodigieuse sur le grand Temple de Shiva et la source de lait de Parvati à laquelle nous aimons nous attarder.  
La libre circulation sur cette montagne sacrée y est règlementée à partir d'un permis délivré par le District Forest Officer de Tiruvannamalai Division, cela vous sera rappelé dès le début de l'ascension. L'escalade sur cette montagne dotée de pouvoirs sacrés particuliers, dit-on, débute dès la sortie ouest du temple, après avoir traversé la grande route et pris une ruelle montante en passant devant la source de Parvati. En son sommet, après quelques heures d'ascension le pèlerin se prosternera au sein d'un ultime sanctuaire comme il l’aura certainement déjà fait plus bas devant l’empreinte des pieds de Shiva, ointe de Ghee (beurre clarifié).
Alors que cette cité majeure spirituelle du Sud de l’Inde se trouve sur l'axe routier principal reliant Pondicherry à Bangalore, ce n'est pas simplement par hasard que vous y rendrez désormais, mais bien pour sa dimension spirituelle. L’histoire de Tiruvannāmalai est liée à son grand temple d’Annamalaiyar, déjà évoqué dans des poésies du VIIe siècle, qui du fait de son emprise sur ses 10 hectares et la taille des quatre gopuram d'une 60e de mètres de haut (caractéristiques de l’architecture dravidienne), le place parmi les plus grands du Sud de l’Inde. En tant qu'occidentaux, nous nous devons de mieux connaître ce lieu de par la présence d'un Maître spirituel, Sri Ramana Maharshi, qui vécut dans certaines des grottes que compte la colline sacrée avant d'y fonder un ashram en 1922, très fréquenté par de nombreux de nos compatriotes. La vie d’ascète de Sri Ramana Maharshi (1879-1950) l'a positionné parmi les sages les plus influents de l’Inde du XXe siècle, marqué par son expérience mystique vécue en tant qu'ermite dans les grottes d’Arunachala.
Fidèle à notre concept rédactionnel destiné à vous faire découvrir la beauté intérieure de l'Inde, une nouvelle fois, c'est loin du chaos des grandes villes bruyantes et polluées que se révèle toute la beauté du pays que nous affectionnons tant pour ses paysages que ses us et coutumes. Nous ne saurions que vous conseiller à vous aventurer sur cette route où vous rencontrerez des tribus de singes espiègles et quémandeurs assis sur le bord de la chaussée, aurez en arrière plan des femmes aux saris relevés faisant des taches de couleur dans le vert des ri­zières, des sanctuaires abritant dieux protecteurs et divinités au coin des champs veillant sur une campagne immuable aux paysages baignés de soleil.
InDi

jeudi 13 décembre 2018

Pas besoin d'aller au Rajasthan pour mesurer la folie des grandeurs des maharajas d'antan : bienvenue au Mysore Palace en inde du sud

Si le charme de Mysore (version anglaise de Mahishūru), ancienne capitale du royaume à moins de 150 km de Bangalore, se résume à son climat agréable (800 m d'altitude) et son cadre verdoyant, c'est bien son palais d'inspiration dravidienne, indo-musulmane orientale qui fut construit par un architecte anglais en 1912 à la suite de l'incendie du palais précédent en 1896 qui attire les foules, le plaçant comme le 2e site le plus visité après le Taj Mahal (tout autant que notre château de Versailles). La visite du Mysore Palace reste le symbole de la folie des grandeurs des maharajas avec toutes ses extravagances et son opulence grandiose, où au fil des corridors interminables, se succèdent miroirs, colonnes, tableaux, tecks sculptés, portes massives en argent ouvré, marbres incrustés de pierres précieuses ... laissant le visiteur sans suffisamment de qualificatifs. Si son intérieur est richement décoré de vitraux, de portes sculptées, de sols en mosaïques, l'extérieur, bien que situé en centre ville, de part son vaste parc fleuri permet au visiteur d'apprécier le faste de cette résidence royale hors normes. 
Mais le revoir le soir, à partir de 19h, totalement illuminé de ses 100 000 ampoules (uniquement les dimanches, jours fériés et les neufs nuits de Navaratri) reste un véritable bonheur offrant au spectateur noctambule une féérie irréelle : les illuminations du Parc Disney semblant à l'économie en comparaison. Il est difficile d’imaginer plus grandiose, plus baroque, plus kitsch que ce palais en grande partie propriété du gouvernement du Karnataka, ou comme le montre les photos précédentes, seule une toute petite partie est restée à la main de la famille royale (ce dernier fait est encore contesté auprès de la Cour Suprême de l'Inde par la famille royale...) .
C'est le premier Raja (Maharaja) de Mysore (1371 - 1423), Vijayaraja Wodeyar qui a fait construire le premier palais, à l'époque tout en bois. La dynastie des Wodeyars a gouvernée l'Etat princier de Mysore jusqu'en 1950. Celui que nous avons le plaisir d'admirer aujourd'hui fut construit dans la période de 1897 et 1912, au lendemain de l'incendie du précédent, puis agrandi dans les années 1930. Le bâtiment de 3 étages en granit gris aux dômes de marbre rose offre une façade avec plusieurs arcs soutenus par de hauts piliers fait face à la colline de Chamundi (vers l'Est). Le Palais abrite plusieurs grandes et opulentes salles d'audiences et de cérémonies appelées "durbars", 3 temples et 18 sanctuaires en son seing. Hors périodes festives ou visites d’éminents dignitaires, l'entrée du public ne se fait que par la porte sud et le porche de l'entrée principale (côté Est) porte les armoiries du royaume autour desquelles est inscrite une devise : "jamais terrifié".
Le Palais de Mysore reste aujourd'hui l'une des attractions touristiques les plus prisées d'Inde du Sud et à ce titre le tracé de bon nombre des voyages que nous organisons passe par cette magnifique ville du Karnataka. 
InDi 

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