mercredi 19 juin 2019

Le site jaïn de Kalugumalai au Tamil Nadu : une modeste réplique du Kailash d'Ellora

Lorsque vous serez au Tamil Nadu, si vous êtes amenés à rejoindre Kânyâkumâri (le cap de la jeune fille), plus connue sous le nom de Cap Comorin, depuis Madurai (ou vice versa), un point d'étape majeur, peu connu, s'impose alors à vous : la visite du site jaïn* de Kalugumalai dans le district de Thoothukudi. Sur la route principale venant de Madurai, à une 50e de kilomètres avant Tirunelveli (soit à 137 km au nord de Kanyakumari et 118 au sud de Madurai), au prix d'un crochet nous invitons les voyageurs véhiculés à admirer en quelques heures le remarquable temple excavé de Kalugumalai, réplique très très modeste du Kailash d'Ellora dans l'Etat du Maharashtra. A proximité immédiate de ce gros village abritant trois importants temples, se dresse une colline granitique au dos arrondi que l'on gravit par des marches taillées dans le rocher. Les Pandyas, au 8ième siècle, creusèrent verticalement le rocher pour y édifier des sanctuaires sur le principe de la découpe (par diminution). Si on a pu comparer cette réalisation au célébrissime temple monolithique de kailasha d'Ellora du sud pourtant moins vaste et complexe que son cousin du Maharashtra, le site de Kalugumalai (கழுகுமலை) demeure quand même impressionnant et mérite le détour. 
En suivant le flanc de la montagne sculptée d’innombrables bas-reliefs jaïns (la plus forte concentration au Tamil Nadu), vous atteindrez un deuxième temple, plus haut sur la colline, qui à l'inverse du précédent se trouve creusé dans le rocher, uniquement composé de deux salles reliées par un boyau qu'on ne peu emprunter qu'a quatre pattes ou accroupi. Une des salles n'est autre qu'une ancienne caverne naturelle utilisée pour la méditation, dont la hauteur est inférieure à 1,80 m, d'une superficie de l'ordre de 6 m2 et dont la voute sert de point d'accroche à plusieurs dizaines de chauves-souris (claustrophobes s'abstenir). 
Bien que ce site est abrité le plus important monastère Jaïn du Tamil Nadu entre le 8ième et le 12 ième siècle, la quasi disparition du monastère dès le 13ième siècle et du culte en cette région demeure un mystère. Bien qu'étant en milieu rural, la proximité d'une importante route commerciale (nord/sud), de la capitale des Pandyas (Madurai) avait fait de cet endroit un centre d'activité majeur tant sur le plan sociétal, politique et religieux (bien loin de ce que c'est aujourd'hui).
Les premières traces (inscriptions) datent du 4ième siècle et tout comme à Mahabalipuram subsiste un temple monolithique inachevé laissant aux autochtones le moyen d’échafauder plusieurs légendes. L'une d'elle raconte qu'un des rois Pandya demanda à un sculpteur de lui faire un temple sur les contreforts de cette colline. Ce dernier choisi un endroit et commença à creuser, tailler la roche et à faire émerger le futur temple. Le fils sculpteur désavouant l'emplacement choisi par son père ne participa au chantier et démarra en opposition à son père dans le secret son propre projet. Soucieux de rester jusqu'au bout discret il faisait en sorte que chacun de ses coups de burins correspondent à ceux de son père, laissant croire que sur cette colline seul un temple était en construction. Hélas, un jour le père vain à connaitre la désobéissance de son fils, de cette supposée concurrence et entra dans une telle colère qu'il jeta son burin à la gorge de son fils qui mourut. Le travail du fils resta ainsi inachevé et le temple en son état actuel (info ou intox). 

(*) Le jaïnisme est une religion dont les origines remontent avant notre ère. Si deux courants de pensée persistent, leur division tient à l'attachement aux choses terrestres et non à la pratique des rituels sensiblement identiques. Parmi les deux communautés on distingue les Digambaras (traduction : vêtu du ciel) dans l'Inde du sud, non vêtus et les Shetambaras vêtus de coton blanc dans le nord. Autre différence de taille entre les deux courants est l'atteinte du nirvana uniquement réservé aux hommes côté Digambaras alors que chez les Shetambaras les deux sexes peuvent y prétendre. De même que le maitre jaïn chargé d'enseigner la voie du moksha (de l'illumination) chez les Digambaras est un homme, chez les Shetambaras c'est une femme.
InDi

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