samedi 8 juin 2019

Kilomètre zéro à Pondy : êtes-vous prêts pour découvrir ce bout de France en deux jours ?

Pondichéry (Puducherry depuis 2006), ce bout de France disparu avec notamment son quartier face au golfe du Bengale qui a tout gardé d'une ville française n'en est que plus séduisante pour le voyageur qui un jour a égrainé la liste des cinq comptoirs indiens à son instituteur. A ce jour, seul le territoire de Puducherry à gardé son faste et a sous son aile (administrativement parlant) les villes de Mahé, Karikal et Yanaon ; celle de Chandernagor (Chandannagar), devenue officiellement indienne en 1952. Bref, quand on arrive à Pondichéry, on ne s'y trompe pas : le monument aux morts de la guerre de 1914-1918, la statue de Jeanne d'Arc, le Lycée français, l'Alliance française, le bâtiment des douanes, le terrain de pétanque, le jardin botanique (ancien zoo), les rues Romain-Roland, Dumas, Suffren et bien d'autres adoucissent le choc culturel que réserve habituellement l'arrivée en Inde. L'agréable ville de Pondichéry sur la côte de Coromandel avec son ambiance et charme uniques reste le symbole de la présence française en Inde au même titre que Cochin (au kerala) l'est pour sa touche portugaise. La ville se divise en deux quartiers délimités par le "grand canal" : la ville dite "blanche" marquée par l'occupation française et le reste composé des quartiers musulmans, tamoul et catholique, beaucoup plus "indianisée". Comme nous, vous vous y arrêterez d'abord deux journées, et bien qu'elle n'ai rien retenu des habitudes françaises, petit à petit vous tomberez sous le charme indéfinissable de cette ville indolente aux couleurs ocres, dégageant une atmosphère si particulière, au point de vouloir y rester une petite semaine, voire plus.
Avec Jaipur (au Rajasthan), Pondichery est l'une des rares villes à être tracée selon un imposant maillage de rues se coupant à angles droits. Principalement dans la ville "blanche", vous prendrez plaisir à arpenter les rues bordées de coquettes demeures du 18e siècle, aux couleurs éclatantes abritant souvent de charmants jardins exotiques. Mais la ville "indienne" possède aussi ses trésors ! En effet si vous éprouvez le besoin de vous oxygéner, offrez-vous une promenade bucolique dans le jardin botanique de 9 hectares ou parmi les 1500 espèces de plantes et arbres vous rêverez du temps ou ce dernier abritait aussi un petit zoo. Ainsi pour tous ceux et celles qui ont apprécié l'Odyssée de Pi, nous vous rappelons que l'histoire commence en ces lieux ou le jardin botanique de Pondichéry était avant tout un jardin zoologique. En effet le héro du film, Pi Patel, après une enfance passée à Pondichéry embarque avec ses parents et l'ensemble des animaux pour le canada sur un cargo qui sombreraCe jardin construit par les colons français en vue d'y tester en terres indiennes des plans importés d'ailleurs, reste peu visité par les candidats à l’arrêt éphémère à Pondy. Ce site en limite du boulevard circulaire est protégé d'une imposante grille ou de nombreux singes aiment à y attendre les gourmandises qui leurs sont laissées par les riverains, les expatriés ou les touristes de longue durée qui apprécient ce poumon vert.
Si le calme et la propreté distingue la partie de la ville du front de mer, il en est tout autre de la "ville dite noire" bien plus animée, commerçante et fréquentée par la population indienne, ou les demeures sont principalement tamoules.
En janvier 1673, un militaire français acheta au sultan de Bijapur, pour le compte de la Compagnie française des Indes créée par Colbert en 1654, un village du nom de Puducherry. Ainsi débutait l'épopée de la France"aux Indes" , épopée aussi fugace que riche de rebondissements, et dont Pondichéry demeure le symbole. Il ne reste pratiquement plus aucunes traces de son intense activité portuaire qui se perpétuait depuis le temps des Grecs et des Romains qui faisaient commerce et usage des épices, de riz et plantes du pays.
Dès la première journée, les valises à peine posées, on ne peut résister à une balade à pied en rickshaw dans les quartiers occupés autrefois par les français . On flâne aisément dans les rues de la "ville blanche", rebâtie au 18e siècle, allant à la découverte de l'architecture coloniale de cet ancien comptoir, ou l'ensemble des rues s'y coupent à angles droits et portent des noms français (le seul des cinq à avoir conservé ce charme tout à fait particulier). Passage obligé dans les rues aux noms évocateurs : Romain Roland, La Bourdonnais ou avenue Goubert (un peu du 7e arrondissement parisien !).
Si vous vous rendez au musée, vous traverserez la place du gouvernement, ancienne place d'armes de la ville coloniale où se trouve le Raj Nivas, palais du gouverneur, autrefois siège de la Compagnie des Indes. De là, vous poursuivrez vers la rue Damas ou s'élevait l'hôtel de ville aujourd'hui en ruine, et encore plus loin, vous découvrirez Notre Dame des Anges, la statue de Jeanne d'Arc ET le terrain de pétanque. Ensuite, vous passerez devant les murs ocre de l'Alliance Française et le Lycée français créé en 1826. Pour finir, en revenant vers l'hôtel "The Promenade", après être passé devant la statue de Gandhi (en lieu et place de l'ancien embarcadère), vous pourrez admirer le consulat général de France qui garde son charme authentique du 18e siècle . En fin de journée, il est agréable de flâner sur la promenade en bord de mer (beach road) devenue piétonne (ancien cours Chabrol rebaptisé avenue Goubert), ou la population et marchands ambulants viennent y prendre le frais (sur 1,5km environ).
La deuxième journée sera consacrée à la visite mais aussi au shopping, garante d'une immersion en vue de goûter aux charmes de cette ville riche par ses contrastes. Pour rappel, l'existence de la cité remonte aux temps védiques, où elle s'appelait Vedapuri et y vivait le grand sage Agastya. En l'an 900, une université de sanskrit y avait élu domicile. Après la "ville blanche" de la veille, nous vous proposons une exploration de la "ville noire". Dans la partie indienne, outre les églises du Sacré Cœur de Jésus et l'Immaculée Conception, nous vous suggérons la visite du "big market", un des plus beau et grand marché du sud de l'Inde avec ses fruits, légumes, poissons, fleurs, saris, épices, casseroles, viande, couleurs encore et encore, des odeurs en veux tu en voilà… 
Si vous avez votre hôtel côté mer, sur le chemin, arrêtez-vous à l'ashram de Sri Aurobindo (1872 - 1950) et le temple de Manakula Vinayagar ou l'éléphante en faction vous bénira contre quelques roupies. Sri Aurobindo, poète et philosophe bengali, fut un leader politique très actif dans le mouvement nationaliste en Inde au début du siècle dernier. A partir de 1910, il se fixe définitivement à Pondichéry et écrit des ouvrages qui connaîtront un large succès universel, concernant surtout la spiritualité. Il fonde un ashram en 1926 et se consacrera au domaine spirituel, son but étant d'aider l'homme vers sa réalisation pat les voies du Yoga. Sa compagne, Mira Alfassa appelée "la Mère", prend une part active dans cette aventure. Après la mort du Maître, elle assure la continuité des activités de l'ashram et poursuit concrètement son œuvre de synthèse entre la spiritualité et la vie quotidienne. Tous les deux sont inhumés en ce lieu et de nombreuses personnes viennent s'y recueillir. Dans une utopie généreuse on doit à la "Mère" la construction d'Auroville, à quelques kilomètres de Pondichéry. C'est un architecte français, Roger Anger, qui conçut les plans futuristes de cette cité restée inachevée.
Nous espérons vous avoir donné l'envie de découvrir cet ancien bout de France ou le drapeau à fleurs de lys flottait déjà depuis 1670 lorsque Dupleix s'y installa en 1742, où les agents de police y portent toujours le képi et la langue française y survit difficilement, mais vous ravira tant pour son passé historique, culturel que l'ambiance qui s'en dégage. Plusieurs de nos circuits s'y arrêtent ....
InDi

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