lundi 23 mars 2020

Le sourire de Vidhya : rencontre avec l'Inde authentique

Loin des foules, de la circulation anarchique et polluante des grandes métropoles indiennes, sous le pseudo d'InDi, nous parcourons le monde rural indien, en totale immersion dans la culture pas uniquement hindoue. Nous définissant plus comme "gretters" que guides ou accompagnateurs, sur nos temps libres nous partageons avant tout notre passion pour ce pays que nous faisons découvrir à de petits groupes d'une manière unique et authentique. Notre accompagnement s'inscrivant dans une démarche de tourisme responsable, nous avons aussi à cœur de favoriser l'enrichissement économique des communautés locales tout en contribuant à l'image positive des lieux visités. Le fil rouge du voyage "Rama 2020" que nous nous proposons de vous relater reflète cette fusion de la tradition et de la modernité qui caractérise ce pays aux multiples paradoxes ou l’innovation est née de l'utilisation de l'expérience et de la sagesse des anciens. Râma 2020 veut vous familiariser avec l’Inde spirituelle traditionnelle qui souvent surprend par ses excès, son côté inclusif dans le quotidien et dont la visite de certains lieux sacrés livrent les secrets de sa longévité religieuse, puisque pratiquée depuis 3500 ans de la même manière … Pas moins de 14 jours d'immersion dans l'Inde rurale du Karnakata, du Kerala et du Tamil Nadu vous seront nécessaire pour en découvrir son authenticité, sa biodiversité avec sa faune sauvage sur les contreforts des Ghats occidentaux, mais aussi la côte tropicale de Malabar avec ses backwaters à l'Ouest et le Cap Comorin (Kânyâkumâri), point de transition avec avec l'ile de Pamban sur la cote Est. Au détour d'une de nos étapes, nous avons souvent surpris des images de vie définissant ce que nous appelons plus communément : l'incredible india .... que nous nous apprêtons à vous faire vivre, ne serait-ce que le temps de cette brève. En tant que "gretters" affirmés, soucieux du respect des gouts et envies de chacun, loin des visites guidées à unique consonance patrimoniale, nous prônons un écotourisme convivial, mettant au centre du voyage "le vivre ensemble", malgré les différences culturelles, la barrière de la langue.  
Dès notre premier réveil en terres indiennes, nous quittons Bangalore pour Dubarre, notre première étape dans la magnifique région de Coorg, inscrite au patrimoine mondial de l'humanité. Mais avant, arrêt à  Sravanabelagola, célèbre pour sa statue du saint jaïn Gomateshvara, vielle de plus de 1000 ans et sculptée dans un seul bloc de 17 m, perchée sur une colline qu'on atteint via 612 marches taillées dans le roc.  
Alors que ses pieds sont lavés tous les matins, son corps ne l'est que tous les 12 ans lors d'une Kumbh Mela rassemblant plusieurs millions de personnes (la dernière ayant eu lieu en 2018). 
Si voyager en Inde du sud est avant tout une rencontre avec une population haute en couleur et très accueillante, cela parmi des sites culturels et cultuels exceptionnels, regarder les troupeaux d'éléphants sauvages en zones protégées devient chose de plus en plus facile vue la présence forte de parcs nationaux dans les 3 États du sud dont certains sont même classés au Patrimoine Mondial de l'Humanité par l’Unesco. Ainsi, ce deuxième jour, avant le départ pour Mysore, 2 points d'étapes majeurs manqueront notre journée : un bain dans la Kavery avec des éléphants semi-sauvages, puis un arrêt à Bylakuppe au Golden temple du monastère de Namdroling pour une approche du bouddhisme, après celle du jaïnisme de la veille. Avant d'envisager des safaris à dos d'éléphants, des raids en jeeps préparés pour touristes aisés, arrêtez-vous dans la réserve de Dubarre, où des rives du fleuve sacré vous y admirerez la vie quotidienne des pachydermes en semi-liberté en compagnie de "mahouts" leur prodiguant les soins journaliers (nourriture, bains, etc..).
Seulement à quelques kilomètres de là, le village de Bylakuppe, à l'origine un camps de réfugiés tibétains suite à l'invasion militaire chinoise au Tibet dans les années 60, véritable havre de paix et de ferveur laissant chacun à sa méditation. Créé en 1970, il est la plus grande enclave tibétaine en Inde et compte plusieurs milliers de moines. Une promenade dans le village à l'architecture singulière sera l'occasion d'un vrai dépaysement et d'une rencontre avec la culture tibétaine, notamment en découvrant Golden temple du monastère de Namdroling. Ainsi, à près de 2500 km à vol d'oiseau du Ladakh, situé près de la chaîne himalayenne, vous vivrez ici votre première expérience avec le bouddhisme qui à quasiment disparu en Inde du Sud, cela en y appréciant les "momo", fameux raviolis tibétains.
Nous pouvons ainsi clôturer cette deuxième journée indienne en posant nos valises à Mysore, capitale éphémère du Karnataka située à 800 m d'altitude et réputée pour son climat agréable, ses soieries, la fabrication artisanale de l'encens et objets de bois de santal. Dès notre arrivée, c'est une flânerie dans le marché "Devaraja Market" qui s'impose. Le plus beau du sud de l'Inde ou les fleurs se mêlent aux étals de fruits de légumes, de parfums de toutes origines et pigments multicolores. 
La 3e journée sera consacrée à Mysore et ses alentours, car au delà du  “Mysore palace”, de la cathédrale Sainte Philomène de style néo-gotique conçue par l'architecte français Daly, deux excursions nous amènerons au village de Somnathpur où s'élève le magnifique temple de Keshala du XIIIe siècle dédié à Vishnou, ainsi que sur la colline de Chamundi, dominant Mysore (soit à 1062 m d'altitude), coiffée d'un temple du XIIe siècle, dédié à la divinité protectrice de la ville
La visite du "Mysore Palace" pur symbole de la folie des grandeurs des maharajas avec toutes ses extravagances et son opulence grandiose, où au fil des corridors interminables, se succèdent miroirs, colonnes, tableaux, tecks sculptés, portes massives en argent ouvré, marbres incrustés de pierres précieuses ... laissant le visiteur sans suffisamment de qualificatifs. Mais le revoir le soir, à partir de 19 h, totalement illuminé de ses 100 000 ampoules (uniquement les dimanches, jours fériés et les neufs nuits de Navaratri) reste un véritable bonheur offrant au spectateur noctambule une féérie irréelle : les illuminations du Parc Disney semblant à l'économie en comparaison.
La 4e journée se veut être une transition paysagère en découvrant les hautes "collines" des Nilgiris (aussi appelées "Montagnes bleues" comptant pas moins de 24 sommets au-delà de 2000m). Ces dernières possèdent une des plus riche biosphère du monde inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, protégée par la présence de nombreux parcs naturels comme celui de Mudumalai implanté sur les 3 États que nous

traversons pour rejoindre le Tamil Nadu. Quatre bonnes raisons à nous attarder sur cette région sans bruits ni poussière ou la population y est serviable et accueillante : l'origine de son nom, sa proximité avec la zone abritant le plus grand nombre d'éléphants d'Asie et de quelques tigres, l'habitat de tribus aborigènes présentent au Tamil Nadu comme les "Todas" vouant une adoration particulière aux buffles, ou simplement pour le mythique Nilgiri Mountain Railway.
C'est à Ooty, la capitale du district des Nilgiris, de son nom officiel Udhagamandalam, prononcé Ootacamund qui vient du mot "Utaka Mand", un mand étant un ensemble d'anciennes huttes où vivait la tribu des Todas, que nous emprunterons le vieux train à crémaillère et à vapeur ouvert au public depuis 1899, classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2005. Empruntant des chemins sinueux en altitude dans une nature généreuse et exubérante, se succèdent des dégradés de vert à l'infini ou la flore vivante laisse évaporer ses parfums frais jusqu’à ce que nous nous retrouvions au milieu d'une faune inconnue à fur et à mesure que nous rejoignons les plaines chaudes du Tamil Nadu. Notre 5e journée en terres indiennes nous amène sur la côte Ouest (la côte Malabar), dans un nouvel État : le Kerala où encore le "pays des cocotiers" (signification du mot Kerala en malayalam).
Tout voyageur passant par Cochin, de ses promenades sur le front de mer gardera en mémoire l'emblématique et photogénique carrelet chinois, dont le maniement est devenu l'attraction principale des touristes en quête d'une photo authentique. Ce n'est pas le port industriel qui séduit le voyageur mais bien ses 3 presqu'îles et petites îles ayant gardé l'authenticité de plusieurs siècles de cohabitation entre hindous, chrétiens, juifs et musulmans. Cochin (Kochi) est au Kerala ce que Pondicherry est au Tamil Nadu : un lieux dépaysant mais pas trop, car marqué par de nombreuses empreintes occidentales d'hier et d'aujourd'hui ou les nostalgiques d'un certain passé côtoient une population en pleine émancipation . La presqu’île de Mattancherry correspondant à la "ville blanche" de Pondichéry, la visiter c'est y privilégier son cœur historique, le quartier de Fort Cochin . C'est la ville la plus peuplée de l’état du Kerala et son port y existe depuis 1341. 
Située au sud-ouest de l’Inde, par l'arrivée de Vasco de Gama elle fut occupée par les Portugais qui en firent un comptoir, puis les Hollandais en 1663 et les Anglais en 1795 qui y ont laissé aussi leurs empreintes architecturales. Le cœur historique (colonial) et touristique de Kochi se trouve sur la presqu’île de Mattancherry. Bâtie sur un groupe d'îles et d'étroites péninsules, la ville de Kochi est le fidèle reflet de la mosaïque culturelle qu'est le Kerala : rues sinueuses bordées de mosquées et de vieilles maisons portugaises, églises anciennes, carrelets de pêche chinois déployés sur les rivages, une synagogue du XVIème siècle, des spectacles de Kathakali et ébats occasionnels de dauphins dans la baie. 
Les activités phares à Kochi se limitent aux promenades à la pointe de Fort Kochi avec ses impressionnants carrelets parmi les résidences coloniales dont certaines sont aujourd'hui de magnifiques hôtels de charme, les églises comme celle de Saint François dédié à Vasco de Gama ou il y fut enterré en 1524 avant son rapatriement en Europe ou encore la basilique Sainte Croix. Sans oublier la synagogue fondée en 1568, renommée pour ses carreaux de faïence bleue peints à la main, apportés de Chine au milieu du XVIIe siècle, ainsi que le palais de Mattancherry, communément appelé le Palais Hollandais, construits vers 1555 par les Portugais et devenu plus tard la résidence du gouverneur .
Un 6e jour au naturel, à la découverte des backwaters correspondant à un ensemble complexe de canaux nés de la main de l'homme,  de lagunes, de lacs alimentés par des fleuves et rivières ou eau douce et eau de mer se mélange. Ce dédale de verdure souvent appelée la "Venise verte d'Orient", se retrouve façonné par l'homme qui y construisit des digues, chemins et routes fluviales pour le transport des 
marchandises, des récoltes. Pour réussir notre immersion dans cette exubérance des paysages tropicaux en suivant les canaux frangés de cocotiers, nous avons choisi un kettuvalam, reflet d'un mode de navigation ancestral. Les backwaters offrent une opportunité sans commune mesure d'accéder à une croisière idéale pour regarder les habitants mener leur vie, partager signes amicaux et sourires, admirer les rizières, la flore et la faune. Utilisés pour le transport, le commerce des épices, du riz, du coir ou du coprah, les backwaters permirent le développement de toute la région. Il est facile d'y observer la vie locale, les habitants transportant le fruit de leur pêche, l'eau, leurs récoltes alors que les enfants partent à l'école en barque. Le fait que
l'on puisse découvrir la vie quotidienne des populations au plus profond de leur intimité, sans retenue comme si nous étions derrière un écran Tv, peut nous mettre parfois mal à l'aise et y voir même un brin de voyeurisme lorsque nous passons à quelques mètres des indiennes lavant leur linge tout en faisant leur toilette. Dans ces instants de gêne, ou chacun s'ignore, la magie recherchée du partage n'opère plus. Parce que l'écosystème y est très fragile, découvrir les backwaters dans la simplicité, dans le respect de la nature, des populations locales et de l’écosystème, sans tomber dans les pièges du tourisme de masse 
reste possible si l'on s'y prépare. On ne se lasse pas de scruter les rives avec leurs petites maisons multicolores à l'ombre de palmiers et cocotiers, les rizières ou se cachent des milliers d'oiseaux, églises, écoles, toutes formes de commerces. Sur l'eau, au delà des gros houseboats, les villageois utilisent de
plus modestes embarcations personnelles (pirogues, canoës, barques), le shikara ou le bateau-bus. Nous ne saurions que vous encourager à vous essayer à cette forme d'excursion éco responsable à bord d'un bateau privé, malgré un tourisme de masse qui par ses exactions est en train de tuer à vitesse "Grand V", un écosystème très fragile, ou des tonnes de déchets viennent peu à peu à bout de la luxuriante végétation qui fait encore la "Une" des revues touristiques ventant la beauté du Kerala.
Un 7e jour de transition entre le Kerala et le Tamil Nadu avec comme objectif l'atteinte de l'extrême pointe du sud de l'Inde. Avant d'arriver à Kânyâkumâri (le cap de la jeune
fille), plus connue sous le nom de Cap Comorin, le point de rencontre de la mer d'Oman, du Golfe de Mannar et de l'Océan Indien, nous visitons le palais de Padmanabhapuram (16e siècle). Kânyâkumâri serait le lieu mythique où la déesse, qui malgré ses efforts, ne put obtenir la main du Seigneur Shiva et dut au final se résoudre au célibat.  C'est un site symbolique pour touristes et pèlerins
indiens qui arrivent par cars entiers, tant pour l'aspect mythique et sacré que la beauté des lieux. L'immense et imposante statue représentant Thiruvallavar, poète du 1er siècle av. J-C, unanimement vénéré par les indiens (sa statue ou portait est omniprésent dans les écoles du pays), reste le clicmajeur des voyageurs qui déposent leurs valises en ce magnifique lieu. Les cendres de Gandhy y furent aussi répandues et un mémorial s'y visite. A une 40e de km de Kânyâkumâri, le palais de
Padmanabhapuram, tout en teck et granit, fut la résidence des maharajas de Travancore de 1550 à 1790. Bien qu'étant au Tamil Nadu son style d'architecture est kéralais : galeries extérieures en bois ouvragés, colonnes de bois sombres ou de pierre, toit de tuiles et murs en brique rouge. La ville qui l'abrite (Sri Padmanabha) fut la capitale du royaume de Travancore jusqu'au XVIIe siècle avant d'être supplantée par Trivandrum (Kerala). Le royaume couvrait alors une région divisée de nos jours entre le Kerala et le Tamil Nadu : d'où cette spécificité d'un bâtiment géré par le Kerala en terres tamoules.
Au 8e jour de présence sur le sol indien, départ vers le golfe de Mannar et l’île sacrée de Rameshwaram, reliée au continent par un viaduc ferroviaire et le pont Indira-Gandhi, l'une des prouesses de la technologie indienne, inauguré par Rajiv Gandhi en 1988. Lieu hors du temps, surnommé la "Bénarès du Sud", c'est l'une
des sept villes saintes de la religion Hindouiste, mais aussi la rencontre avec Vidhya et son magnifique sourire. C’est ici que Rama est censé avoir vénéré Shiva. L'île à son extrémité, n'est qu'à 18 kms du Sri Lanka. Dès notre arrivée, première visite des lieux en autorickshow pour après l'ascension de la colline où s'élève le petit temple Ghanda Madhana Parvatan, assister au coucher de soleil sur la côte Est du Tamil Nadu.
Situé à 3 km de la ville, du haut de son promontoire, il offre un beau panorama sur les environs. On y voit l'empreinte d'un pied du dieu Rama, l'un des avatars de Vishnu.  La 9e journée sera consacrée à la visite de la ville et ses environs. Dès le matin, sur les ghâts, face à l'Océan indien, nous partagerons l'incroyable ferveur religieuse des pèlerins avant la découverte du temple de Ramanathaswamy. Assis sur les ghâts, 
face à l'océan et aux côtes sri-lankaises, nous regardons une foule pleine de dévotion s'immergeant en famille dans les eaux sacrées, abandonnant leurs vieux vêtements souillés pour en revêtir de nouveaux avant de se précipiter au temple Ramanathaswamy. Cette partie de la ville que nous affectionnons grouille de vie et de couleurs venues de tout le pays. Dans le brouhaha fait de cris et de prières proposées par les brahmanes aux pèlerins, de processions, nous nous laissons envahir par une forme d'exubérance de bruits et senteurs, nous faisant oublier toute notion du temps qui passe, nous conduisant à un bien-être, à un lâcher-prise total, voire à perdre nos repères telle une anesthésie générale. Dès l'apparition du soleil, Shivaïstes et Visnouïstes, pour notre plus grand plaisir, se rassemblent en familles sur cette plage pour toutes sortes de rituels et prières avant de se diriger vers le temple. Le temple de
Ramanathaswamy, l'un des sanctuaires majeurs de l'Inde du Sud est un superbe exemple d'architecture dravidienne tardive, est renommé pour ses quatre splendides corridors bordés de colonnes finement sculptées. Les fidèles attribuent des vertus particulières à ses 22 theerthams (bassins/puits) où ils se baignent, puis boivent l'eau : parcours auquel seule Ingrid s'y prêtera cette fois. Les hindous disent que tout pèlerin qui s'est rendu à Bénarès se doit, au moins une fois dans sa vie, d'aller également à Rameshwaram, et réciproquement (chose que nous avons faite au cours de l'année).
C'est dans l'effervescence régnant dans la rue reliant l'océan au temple que nous rencontrons Vidhya en quête de quelques roupies en échange du gardiennage de nos chaussures : c'est son incroyable sourire qui nous convaincra ! Après cette immersion matinale dans une foule éprise de spiritualité sur les ghâts de Rameshwaram, nous nous préparons pour une balade sur le sable blanc en cette extrémité de terre (25 km de long) , loin du tumulte urbain, à la recherche des conditions idéales à revisiter le Ramayana et l'épisode ou Hanuman vole au secours de Sitâ sur l'ile de Ceylan.
Les îlots de sable blanc qui subsistes encore, aux yeux des hindous constituent les vestiges du pont construit par Hanuman et son armée de singes pour permettre à Râma de traverser. Entourée par la mer, sa situation qualifiée de destination du bout du monde, aujourd'hui accessible par une route est une véritable attraction touristique (pèlerins indiens en majorité). Les paysages y sont fantastiques : dunes, huttes en feuilles de palme, sable fin, aigles et mer turquoise ... Mais à mi-parcours, avant d'atteindre l'extrémité de la langue de sable, nous visitons le temple de Kothandaramaswamy dédié à Rama . Il résista à la violence terrible du cyclone de 1964 qui détruisit la ville de Dhanushkodi, aujourd'hui abandonnée.  Entourée par la mer, sa situation est une véritable attraction touristique et nous offre de belles scènes de pêche.
Nous clôturerons cette magnifique journée par un arrêt dans le port de pêche, afin d'avoir une dernière vue du grand temple depuis la mer. Vous l'aurez compris, dans cette ville peu touristique, il y règne une atmosphère de petit Bénarès du sud, sans les crémations publiques ! Tout hindou souhaite y prier, s'y purifier au moins une fois dans sa vie (nous avons eu la chance d'y aller plusieurs fois), simplement parce que Râma y est allé aussi s'y purifier du meurtre de Ravana qui lui avait volé son épouse.  
Comme à chaque fois, c'est avec regret que nous quittons ce magnifique site que nous affectionnons tout particulièrement, qui nous invite à l'évasion, au rêve, à partager le sourire de Vidhya ... Peut être parce que le Râmâyana restant parmi l'épopée mythologique hindoue le texte fondamental de l'hindouisme, il a suscité en nous cette envie d'aller à la rencontre des points d’étapes qu'ont marqué l'exil de Râma et Sitâ, soit un voyage du nord au sud de l'Inde, d'Ayodhya à Rameshwaram
10e journée indienne, toujours sur la côte Est, en direction des districts qui abritent depuis 23 ans nos actions de solidarité internationale. Mais avant de rejoindre notre
camp de base, non loin de Kumbakonam, un arrêt à Manora beach : pour la visite d'un fortin surprenant tant par son architecture que pour la raison de son existence. Ce monument atypique fut construit par Sarfoji maharaj au cours du XIXe siècle (1814 -1815), en reconnaissance de la victoire anglaise contre l'armée de Napoléon. Une inscription sur la pierre en dit long sur l'état d'esprit du commanditaire de cette construction "un ami et un allié des Anglais pour commémorer les triomphes de armée britannique et la chute de Bonaparte". "Manora Fort" doit son nom au mot "minar" signifiant tour, minaret. Il se compose en son centre d’une tour hexagonale de 23 m de haut ou escaliers circulaires et arches ornent chacun des étages fortement ventilés, abritant les troupes en faction face au Golfe du Bengale.
Après avoir emprunté de magnifiques routes champêtres, nous posons enfin nos valises non loin de la ville au multiples temples, dans cette ruralité ou la vie y est douce et riche du fait que cette vaste plaine se retrouve être très bien irriguée par la Kaveri toute proche, favorisant la culture du riz en abondance. Si comme en
d’autres lieux en Inde le lâcher-prise doit être de rigueur pour une optimale immersion, il n’en sera que plus facile dans cette partie de l’Inde qui bien qu'étant le berceau des fondements de la culture indienne, les populations y sont tout particulièrement accueillantes pour le voyageurs curieux et respectueux des us & coutumes. Vous resterez fasciné par ces regards énigmatiques et perçants éclairant des visages sombres lorsque vous irez à la rencontre de l'inconnu.
La 11e journée, se doit être l'illustration du socle au concept du voyage solidaire que nous proposons : une journée garante d'immersion auprès des populations locales, consacrée aux projets d'aide et développement portés par l'idep . Visite d'écoles soutenues par les ONG françaises depuis une 20e d'années, inauguration des dernières réalisations seront les composantes du planning de la journée la plus riche en émotions. Parce que sur chacun de nos circuits nous apportons un regard sur des projets d'aide au développement issus d'initiatives locales, la journée sera consacrée à la visite de plusieurs initiatives concrètes, donnant l'occasion au voyageur que nous sommes, de nous acquitter in situ de notre quotepart solidaire,
véritable booster à l'initiative locale. Bien qu'a 70 km du camp de base, il faut compter environ 2 heures pour se rendre dans les villages de Kilvelur et d'Orathur, proches de Velankanni (plus grand site de pèlerinage chrétien au tamil nadu). Dès notre arrivée à Orathur, loin du circuit touristique qui faisait notre quotidien, ce n'est pas seulement le plaisir d'inaugurer un nouveau bâtiment abritant 3 nouvelles classes
que l'on pouvait voir dans les yeux larmoyants de la délégation française que nous représentions, mais l'émotion issue d'une véritable communion avec les visages émerveillés des villageois et 160 jeunes élèves présents. Après avoir procédé au coupé de ruban, à la puja inauguratrice, alors que les discours laissaient place au spectacle, chacun a pu sentir la fierté d'être là et l'émotion transpirer par chaque pore de sa peau,
l'enchainement des danses faisant vibrer nos cœurs sensibles. Dès la prise en commun du repas traditionnel servi en milieu scolaire, s'en est suivi la visite du complexe scolaire de Kilvélur où les 700 jeunes filles qui le fréquentent pour notre passage éclair avaient préparé un spectacle. C'est donc avec des images plein la tête que nous sommes repartis d'Orathur et de Kilvelur, témoins de cet élan solidaire
collectif qui en quelques mois, voire années fait naitre le durable où l'éphémère était jusque là la règle. Le onzième jour s'achevant, les prémices au qualificatif "c'était un beau voyage" que nous serions amené à clamer très prochainement venaient de s'écrire ...  Un 12e jour au cœur de l'architecture monumentale et des arts de la danse, en direction de notre ultime étape de Rama 2020 : le Chettinad. Une micro région, de la taille de 3 départements français comptant près de 74 villages, coincée entre Madurai, Rameshwaram et Tanjore, au paysage à la fois aride et verdoyant, reflétant la prospérité de riches commerçants souvent reconvertis en banquiers au début du XXe siècle. De cette opulence ancestrale subsiste quelques
palais et demeures Chettiar que nous visiterons . Avant de rejoindre le palais dans lequel nous séjournerons, deux arrêts agrémenteront notre matinée : la ville de Swamimalai pour la visite d'un atelier de bronzier aux pratiques ancestrales, perpétuant la tradition de la fabrication de bronzes selon la technique millénaire de la cire perdue et le temple Shivaïte d'Airavateshvara de Darasuram, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, qui fut édifié par le roi Chola Rajaraja chola II entre 1150 et 1175. Bien que moins gigantesque que celui de Tanjore ou celui de Gangaikondacholapuram, ce temple reste un superbe exemple de la perfection architecturale et statuaire de l'époque Chola. En quête d'objets artisanaux comme souvenirs, nous profitons sur place de la présence d'ateliers de tisserands à Darasuram et de fabrication de bronzes à Swamimalai.
Il est désormais grand temps de rejoindre le Chettinad ou ce ne sont pas les grands temples bien au dessus des cocotiers comme le plus souvent dans cet État du sud de la péninsule qui font la vedette, mais bien une dizaine de  milliers de maisons palatiales aussi colorées qu'extravagantes. Si vous souhaitez visiter le Tamil Nadu autrement, nous ne saurions vous inviter à prendre le temps de vivre votre propre tranche de vie Chettiar (à minima 2
jours) pour en décoder, apprécier l'architecture très spécifique de ces grandes maisons ou l'art de vivre au naturel y est constant (le Chettinadu à son propre modèle architectural adapté à ses terres arides ou gambadent les macaques, sa propre nourriture, ainsi qu'une passion au dieu Ayannar sans commune mesure. En signe d'arrivée dans ce décor royal, nous nous offrons un spectacle privé de Bharata Natyam, la danse classique ancestrale originaire du sud de l'inde, notamment du Tamil Nadu. Autrefois exclusivement réservée aux hommes et liée aux pratiques religieuses, cette danse de soliste, dont son apprentissage est très difficile et long, est
toujours enseignée aux jeunes filles. En ces instants privilégiés, nous avons une pensé pour Marco Polo découvrant pour la première fois ces jeunes danseuses sacrées dans les temples, demi nues, exécutant leur art pour le dieu et la déesse. Une 13e et avant dernière journée sur le sol indien, uniquement consacrée au patrimoine de la communauté Chettiar (caste de riches commerçants tamouls en pierres précieuse devenus banquiers, qui fit fortune au cours du 19e siècle) qui a donné son nom à cette micro-région. Au delà de la découverte des demeures et palais arborant leurs façades multicolores, nous vous conseillons de passer un long moment dans le bois sacré du sanctuaire d'Ellangudipatti dédié à
Ayannar dont des 100e de merveilleux chevaux de terre cuite vous accompagneront le long d'un sentier ombragé. Toujours en matière de rencontre avec le culte Ayannar, nous nous rendons au temple Sri Solai Andavar de Kothari (beaucoup plus fréquenté que le précédent), non loin de Karaikudi. Sans manquer le fort de Thirumayam surplombant un magnifique temple, nous visitons certaines 
maisons palatiales dans le village de Kanadukathan en partie repeintes pour le besoin de décors cinématographiques, ainsi que des ateliers de tisserands ou de carreaux peints ornant les sols des palais de cette région unique au Tamil Nadu (village d'Athangudi). L'idée de finir notre circuit en ces lieux en y séjournant deux à trois nuitées tient à la capacité offerte de  nous y  ressourcer, d'y jouir d'un certain bien-être en profitant pleinement du concept architectural typique du Chettinad ou d'une cour intérieure, d'une terrasse sur les toits, nous pouvons nous laisser aller à la lecture, à l'écriture, à la rêvasserie avec seul le ciel étoilé comme toit. Alors amateurs de patrimoines exceptionnels, passionnés d'histoire, sachez, qu'au sud du sous-continent, des milliers
de maisons palatiales sont encore en quête de toute forme de résurrection ... De retour à notre hôtel pour une dernière nuit sur le sol Tamoul, il est temps de s'adonner au debriefing du circuit, sur la base du "j'ai aimé, je n'ai pas aimé", ou nous veillons à ce chacun ne reparte que sur une note positive, à l'image du sourire de Vidhya. Deux semaines ne permettent pas au visiteur d'appréhender un pays aussi complexe que l'Inde, surtout s'il veut en percevoir tous ses parfums et codes. Le fait de se réveiller sur place et de démarrer le circuit dans la foulée est à l'image d'un animal qui serait sorti de son habitat et qui coupé des repères habituels découvrirait un nouveau 
monde . On a souvent cette impression de flotter, d'avoir perdu ses repères temporels, même si à demi éveillés, des bruits propres au XXIe siècle tels que klaxons et musiques Bollywoodiennes nous ramènent au présent. Pour nos primo visiteurs du pays de Ganesh, c'est la route qui marque à vie : les camions et bus qui roulent à toute vitesse, parfois à contre sens, doublant et se rabattant sans ménagement, des charrettes à bœufs qui vous forceront à mordre la poussière et l'accotement, des cyclistes zigzaguant qui s’incrustent dans la circulation, des piétons, des animaux en troupeaux ou solitaires (éléphants placides lorsqu'ils sont domestiqués, singes braillards et quémandeurs, paons sauvages, moutons, chèvres au détour d'un virage), des vaches parfois couchées au bon milieu de la voie qu'il faut absolument éviter. Si l'Inde au sens propre déboussole, secoue au point d'y perdre ses repères, on ne saurait vous conseiller comme premier voyage au pays de Gandhi et de Ganesh que la découverte des espaces inconnus de ces 3 Etats.
14e lever de soleil en Inde et dernière 1/2 journée à profiter d'un slow time à l'indienne avant d'entamer notre retour vers Paris : un vol intérieur étant prévu dès le début d'après midi à Madurai. Après 2500 km avec  notre minibus AC Tempo, à 40 km/h de moyenne sur les routes des 3 États du sud de l'inde, Râma 2020 se termine. Avec une approche du Jaïnisme à Sravanabelagola, du Bhoudisme à Bylakuppe, des Todas à Ooty, du Christianisme à Mysore et Kochi, de l'Indouisme à Rameshwaram et Darasuram et enfin du culte Ayannar au Chettinad, nous nous sommes confrontés à l’Inde spirituelle traditionnelle qui guide tout indien au quotidien.
InDi

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