lundi 15 juillet 2019

Mahabalipuram : point d'étape pour "beatniks" ou site témoin de la dynastie Pallava

Lorsque vous irez dans le Tamil Nadu, et que vous atterrirez à Chennai, comme des milliers de voyageurs vos premiers pas en terres indiennes passeront certainement par Mahabalipuram. Ce gros village plein de charme arbore des clichés qui ont fait le tour du monde : citée paisible de bord de mer avec ses éternels tailleurs de pierre et pêcheurs traditionnels dans un environnement dravidien héritier des rois Pallava. Dans cette petite station balnéaire située sur la côte de Coromandel, à l'allure d'un point d'étape pour "beatniks" (car lors de leur période indienne, les Beatles y passèrent quelques temps), au delà des milliers d'occidentaux vous y croiserez aussi sur la colline des tribus de singes espiègles et quémandeurs assis sur le bord des sentiers qui vous mèneront sur des kilomètres de monuments en monuments, tous aussi exceptionnels qu'originaux. Tout aussi surprenante est l'origine du nom de Mahabalipuram par la civilisation Pallava (6e et 7e siècle) : Maha (grand), bali (sacrifice) et puram (village), soit le village du grand sacrifice. Une explication due au fait que les Pallava effectuaient de nombreux sacrifices d'animaux au nom de leur déesse Durga. A une 60e de kilomètres de la capitale (Chennai), ce village offre plusieurs visages aux amoureux de la culture de par les nombreux temples qui s'y trouvent, des arts car y subsiste encore une tradition ancestrale de tailleurs de pierre et du farniente le long de la magnifique plage ou l'on peut déguster de nombreux poissons.
 
Mahabalipuram, était il y a près de 2000 ans un port de mer connu des marchands phéniciens, arabes et grecs. Les Pallava laissèrent un héritage étonnant de temples monolithiques uniques taillés dans le roc, de grottes et de bas reliefs massifs et un temple côtier. Point de départ entre le 6e et le 9e siècles de commerçants hindous et bouddhistes, de prêtres, d'architectes, sculpteurs et autres savants vers les côtes de l'Asie du sud-est : les prototypes des grands temples khmers ou Javanais sont ici.
Le symbole local qui marque le voyageur à tout jamais, avant même la magnificence de la fameuse "Descente du Gange" reste le "Krishna Butter Ball", une énorme boule de granit, comme posée sur une plateforme et dont l'équilibre semble défier toutes les lois de la gravité. D'après une légende, cela correspondrait a une boule de beurre que Krishna encore bébé aurait négligemment laissé tomber. Ce dernier en toute gourmandise, aidé par ses amis bergers aurait chapardé le beurre gardé par sa mère.
Nous vous conseillons de vous adonner à la partie culturelle tôt le matin ou en fin d'après-midi, car la ballade sur la colline granitique surchauffée aura très vite raison de votre enthousiasme de plus suivant votre convenance, vous profiterez du lever et du coucher de soleil sur fond d'ombres chinoises faites par la multitude de temples qui s'y trouvent. Avec une petite brise, vous vous lancerez à la découverte des "Ratha", monolithes taillés et sculptés en forme de temples au 7e siècle, ainsi que le bas-relief représentant la "Descente du Gange". Ce bas relief est réputé pour être le plus grand du monde (27 m x 12 m). Ce pan de rocher sculpté montre une foule d'animaux, d'êtres surnaturels, de gracieuses figures, de divinités aquatiques contemplant la descente du Gange, représenté par une cascade tombant du haut de la falaise. L'une des parties les plus magistrales et des plus connues représente un défilé d'éléphants. Avant de vous rendre au petit temple monolithe de Ganesh, vous passerez devant de belles sculptures d'éléphants veillés par un singe et un paon.  A gauche de la "Descente du Gange"un temple du 6e siècle est dédié à Krishna (la 9e réincarnation de Vishnou) : le "Krishna Mandapa". Y est mis en scène Krishna, le berger protégeant le village parmi de nombreuses snes champêtres : la traite des bufflonnes en présence de leurs petits (le toit du Mandapa vint bien plus tard, au 14e).
Dans la grotte de Varaha est narrée la légende de l'avatar de Vishnou qui plongea au fond de l'océan pour rapporter la déesse Terre (Bhudevi) engloutie lors du déluge. Ce sanctuaire est donc consacré à Varaha (le sanglier). Plus loin en suivant le petit sentier qui mène au phare, le sanctuaire de Mahishasuramardini dédié à Shiva possédant parmi les plus beaux bas-reliefs du site. Tout proche se dresse une énorme masse rocheuse avec en son sommet le temple d'Olakkanatha dédié à Shiva, contemporain des temples du Rivage. La petite ascension a son sommet vaut pour la vue que l'on découvre de là tant sur le site que la campagne environnante (au lever ou au coucher de soleil). Enfin, ne pas manquer le temple du Rivage, au centre d'un espace vert favorisant la sérénité, dédié à la fois à Shiva et Vishnou, il existe depuis le 7e siècle, bâti sur la plage, il subit les assauts des embruns et des vagues. Bravant l'océan, identifié comme l'un des plus vieux, c'est l'un des édifices les plus célèbres du Tamil Nadu. 
Toujours côté océan, sur un espace sablonneux, un ensemble de cinq temples construit entre le 6e et le 7e siècle en forme de chars de procession (ratha) vous attend. Deux cent ans en arrière les "Five Rathas" étaient complètement enfouis dans le sable, comme d'autres qu'on découvre encore sur cette plage de 10 km. Tous ces temples ont été sculptés d'une seule pièce dans de gigantesques blocs de granit déjà en place : donc aucun droit à l'erreur pour les sculpteurs (tous ne sont pas terminés). 
Enfin de Mahabalipuram je conserverai le souvenir qui tend à hélas disparaitre (constat des 20 dernières années), un bruit incessant de coups de burin rythmant la vie du village du matin au soir. La plupart des ateliers se trouvant sur la route qui conduit jusqu'au 5 Rathas, c'est le meilleur endroit pour les touristes de réaliser leurs achats en ayant une vue de bout en bout de la réalisation qu'ils s’apprêtent à ramener dans leurs valises. Au même titre qu'on ramène des bronzes de Swamimalay (plus au sud), on ramène des sculptures de Mahabalipuram : attention au surpoids des bagages ! Ces artistes artisans réalisent des œuvres exceptionnelles : arrêtez vous et observez ! Vous l'avez compris, Mahabalipuram n'attire pas seulement les amoureux des vielles pierres : sa situation sur la côte de Coromandel en a fait un lieu de séjour apprécié de la jeunesse aisée de Chennai et des touristes occidentaux qui se retrouvent dans de luxueux hôtels disséminés le long de la plage et recherchant une forme d'authenticité bohème. Habitués de nous y arrêter et d'y flâner depuis 22 ans, il est bon de prévoir d'y passer 2 nuits et 2 journées pour profiter pleinement des lieux et plutôt en fin de séjour avant de reprendre l'avion de retour ou en début afin de s’acclimater avant de poursuivre vers Pondichéry.
InDi

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

InDi GO 23 : deux Bénarès pour le prix d'une ...

Sous le pseudo d'InDi, Ingrid et Didier parcourent le monde rural indien, loin des foules, de la circulation anarchique et polluante des...

Articles les plus consultés